Si diversifier un bébé est simplement le fait d’introduire dans son alimentation lactée des aliments différents, dans la pratique, cela peut s’avérer plus ou moins difficile et complexe : diversifier un bébé, c’est lui ouvrir les portes d’un tout nouveau monde et des possibilités de découvertes presque infinies.
Comme faire le choix d’allaiter ou pas, la diversification pourrait être un sujet à polémiques. Il ne s’agit pas ici, pour moi, de vous dire ce que vous devez faire ou de définir une seule et unique façon de diversifier un bébé. Il s’agit juste d’ouvrir une porte que tout à chacun est libre de pousser … ou pas.
Quand diversifier bébé ? Les modes et mentalités évoluent
Fut un temps, les médecins recommandaient d’introduire des aliments solides dans l’alimentation des bébés dès l’âge de 1 mois ! Et oui…vous avez bien lu, 1 mois. Je pense que nous sommes toutes d’accord à présent pour sauter au plafond à cette simple évocation.
Et pourtant, cette période là n’est pas si éloignée de nous que cela. Ma grand mère, ma mère et ses jeunes sœurs ont elle-mêmes été ainsi diversifiées. Légumes et viandes mixées très finement… le tout ajouté au biberon de lait. Gloups….
Nous sommes nombreuses aussi à avoir été très peu allaitées mais plutôt diversifiées à la farine de céréales dans le biberon dès l’âge de 2-3 mois maximum. A chaque époque ses « normes », ses conseils plus ou moins judicieux, ses habitudes familiales, ses mythes…
Il y a 15 ans, ma fille aînée a failli être diversifiée à l’âge de 4 mois sur les incitations d’un pédiatre un peu trop zélé et totalement incompétent en allaitement maternel. Il fallait lui faire manger un petit pot de purée de carottes par jour (pas de la purée maison hein, de la purée du commerce car forcément plus riche en vitamines et minéraux que celle que j’aurais pu vouloir faire moi-même… :/ ) FilleAinée a eu la « bonne idée » de n’avaler que quelques cuillères et de vomir le reste toute la journée. Je n’étais déjà pas très motivée par cette « diversification »… ce fut pour moi un excellent prétexte pour l’abandonner et laisser le temps à mon bébé de décider par elle-même.
Heureusement les mœurs évoluent… grâce à Internet, les études sont facilement accessibles et les informations de plus en plus disponibles. L’Organisation Mondiale de la Santé nous donne de précieuses et très intéressantes bases sur lesquelles nous appuyer et les associations de soutien à l’allaitement et/ou à la parentalité sont d’excellents accompagnants du quotidien. (Maternage et attachement, A petits pas, Un monde plus doux…)
Aujourd’hui, nous savons que le lait couvre tous les besoins nutritionnels du petit enfant. Jusqu’à 6 mois, l’alimentation du bébé est exclusivement lactée. Ensuite, qu’il soit maternel ou non, le lait doit rester son aliment de base durant toute sa première année au moins.
Ecouter, observer bébé : les signes pour commencer la diversification
Il y a des signes qui ne trompent pas.
Vers 5-7 mois, bébé s’ouvre au monde. Il observe, interagit de plus en plus, communique. Dès que vous portez quelque chose à la bouche, vous pouvez voir bébé qui vous observe : attention, cela ne veut pas dire qu’il veut manger, mais qu’il est attentif à ce que vous faites et qu’il va faire la même chose avec ce qu’il a sous la main (un jouet en bois ou une banane) … L’acte pour lui sera alors le même et la résultante, une découverte de texture et de saveurs.
Il tient assis ou mieux, se met assis tout seul ! Sans appui, sans aide ni soutien, bébé sait rester assis plusieurs minutes sans basculer. Il est donc prêt pour tenir sur vos genoux à table ou dans une chaise haute. Soyez toutefois vigilants, les premières semaines, quelques minutes suffisent à le fatiguer. Par la suite, vous pourrez l’y laisser un peu plus longtemps.
Ses dents poussent. C’est certain, mais ce n’est pas demain la veille qu’il va pouvoir manger un steak ! Mais il va doucement (sûrement) pouvoir mâchouiller (sous surveillance !) un morceau de pomme ou une carotte, ce qui va l’aider et le soulager durant cette période.
Sa déglutition évolue : jusque là, autant au sein qu’au biberon, le bébé tète. Quand il n’est pas prêt à être diversifié, il est très facile de constater qu’il tète aussi la cuillère qui lui est mis dans la bouche. A contrario, le bébé suffisamment mature pour manger vraiment des solides (accessoirement des purées et des compotes), ne tétera pas la cuillère. Ce n’est pas un apprentissage, c’est une simple évolution.
Et enfin, la préhension de bébé est de plus en plus fine. Il se sert de son pouce et de son index comme d’une pince et non plus seulement de son petit poing pour saisir les objets de son environnement.
Tous ces signes sont des indicateurs. Ils ne vont pas vous dire avec précision quand votre bébé est prêt à être diversifié, mais vous aider à l’accompagner quand le moment sera venu pour lui.
Par quoi commencer ou comment apprivoiser la DME ?
Les idées reçues et d’un autre temps ont toujours la vie dure. Certaines médecins de la vieille école vous diront de commencer impérativement par des purées bien lisses et surtout, par la carotte soit disant peu allergène… mouais… Certains vous diront de les faire vous-même, d’autres de les acheter toutes faites… là encore… re-mouais…Je pense surtout que l’essentiel est d’écouter et d’observer le bébé tout en lui proposant des choses saines et nutritives en fonction de son âge et de ses besoins.
Pour ma part, après avoir tenté les genoux et y avoir récolté un certain nombre de bout de tomates, salade et agrumes, j’ai préféré la chaise haute et un très grand bavoir ! Ce ne fut pas forcément moins salissant pour mon fils, mais plus préservateur pour mes propres vêtements ! 😉
Est-il vraiment si important qu’il « mange vraiment » dans un premier temps ?
Ses besoins essentiels sont toujours couverts par le lait. Donc, point d’inquiétudes ! De toute façon, si votre bébé est vraiment prêt pour ces nouvelles découvertes, vous n’allez certainement pas tarder à découvrir ce qu’il aura goûté… au fond de sa couche !
Oui, mais les morceaux ? Ne va-t-il pas s’étouffer avec ?
C’est une inquiétude légitime qui revient souvent. Et pourtant, il suffit d’observer votre bébé avec un bâtonnet de carotte cuit ou un morceau de pomme fondant pour s’apercevoir qu’il se débrouille très bien tout seul ! Bien sur, il n’est absolument pas question de le laisser seul et sans surveillance dans sa chaise ou son transat avec des aliments. Mais il est facile d’observer que le petit d’Homme de plus de 6 mois a une capacité de régurgitation important, le réflexe de vomir ce qui serait arrivé au fond de sa gorge et qui pourrait éventuellement le gêner. Donc, pas de panique, surveillez et n’intervenez que le moins possible.
Et si bébé refuse les solides sous toutes leurs formes ?
Et bien en effet, cela peut sembler être un peu la galère ! Mais…
Ma petite expérience de maman m’a appris toutefois qu’il y a toujours d’excellentes raisons à des refus catégoriques de tous petits. J’avoue qu’il m’est arrivé de grincer des dents plus d’une fois quand l’un de mes enfants boudait un petit plat que je lui avais préparé avec amour et attention… Si je n’en connaissais pas la raison sur le moment, il y en avait toujours une et bien souvent assez importante d’ailleurs. Je prends l’exemple tout simple de FilleAinée qui vers 18 mois refusait de manger des lentilles. Bien cuites et bien préparées, elles étaient délicieuses… et pourtant elle les refusait catégoriquement ! Rien n’y a fait, elle n’en voulait pas… Il s’avère que 2-3 ans plus tard, je lui en ai à nouveau proposé, elle en a mangé un peu…. et elle a été malade dans les heures qui ont suivies. Ses intestins ne supportaient pas ! J’avoue qu’avec le recul, je me suis félicité de n’avoir pas insisté sur les lentilles à 18 mois :/
Et si je n’ai pas le choix ?
Il arrive parfois qu’une diversification plus rapide peut vous sembler nécessaire : reprise du travail, problèmes de santé, etc. Là encore, faite comme vous le sentez ! Rien ne vous empêche de lui proposer des purées et des compotes plus ou moins lisses en complément, tout en le laissant faire ses propres découvertes alimentaires. Un mix est tout à fait faisable. Ayez toujours à l’esprit que le lait doit rester l’alimentation principale du petit enfant toute sa première année.
L’essentiel est que tout se passent dans la bonne humeur, sans contraintes, sans pleurs, sans forcer, ni se forcer.
En tout état de cause, je vous souhaite de longues heures de rigolades devant votre bébé parfois grimaçant, découvrant des saveurs et des textures nouvelles !
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